“Le monde m'est nouveau à mon réveil, chaque matin.”
Colette
Ma vie est un trèfle à quatre feuilles, un carré d'as, une patte de lapin. Le doigt du destin m'a offert une magnifique martingale, infaillible, le jour de ma naissance, à moins que ce ne fussent les fées se penchant sur mon berceau.
En bref, j'ai beaucoup de chance. Ma pyramide de Maslow est complète, solide sur sa base. Mon ange gardien fidèle au poste.
Depuis ma fébrile et complexe adolescence, j'ai toujours dressé la liste de ces cadeaux de la vie. Cela m'a aidée à me sortir des moments de fond de vase, sombres et visqueux, où je ne voyais plus la lumière que comme un point infime et éloigné. Vous savez, quand on se sent comme dans un tunnel, un puits, ou une rue sans issue.
La résilience est simple, elle n'a pas d'autre source que ce coeur de soi ardent. Cette pulsion de vie qui nous pousse vers nos possibles, comme vers nos impossibles, d'ailleurs.
C'est un exercice très sain, pour commencer une journée. Vous vous asseyez tranquillement et vous énumérez toutes les bonnes et belles choses qui s'offrent à vous, tels des fruits prêts à cueillir.
C'est dans cet esprit que j'ai passé les deux dernières semaines. La première, dans une pinède méditerranéenne au soleil, à aider ma Prunelle et son mari à peindre leur future nouvelle maison, des dizaines d'heure de travail, des milliers de coups de pinceau et de rouleau, jusqu'à ne plus sentir mes os... Mais un vrai moment de complicité mère-fille, silences joyeux et fous-rires éloquents.
La seconde, à m'occuper de trois petites diablesses pleines de vie, sonores, et parfois trébuchantes. Une semaine au pays de l'enfance, dans une douceur angevine et pluvieuse, des heures de balades, de spectacles, de jeux des sept familles, de dessins, de puzzles, de siestes, de goûters, de petits bobos et de gros chagrins. Du cristal sans fausse note, ces coeurs-là. Du diamant d'innocence.
Sans compter, pour faire bonne mesure, les nez qui coulent, les gorges qui grattent et les estomacs qui débordent aussi parfois... Et les nuits bien courtes.
Le tout en chansons. Connaissez-vous la Fée rousse à Lunettes ? Une proche cousine à moi, à tout le moins. Et je regardais mon fils, si beau et si fier au milieu de toutes ses femmes...
Quel bonheur, me suis-je dit, et quelle chance de pouvoir regarder vivre ces petites étoiles dont je me sens si proche.
Quelle chance de voir s'épanouir mes enfants dans leurs vies de couple ou de parents. De voir surgir de terre leurs maisons, leurs rêves. De partager un peu de leur quotidien.
Quelle chance de pouvoir serrer sur mon coeur tant d'êtres que j'aime. Il n'est pas de plus beau bijou que les bras d'un enfant autour de votre cou.
Et quelle chance, au retour, de me jeter au cou de mon amour !
Quelle chance de vieillir, quand on découvre à son réveil un monde nouveau chaque matin.
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A une lectrice qui m'a fait l'insigne honneur de se confier à moi,
et qui traverse un douloureux tunnel en ce moment.
Avec toute ma sollicitude et mon espérance qu'elle en voie rapidement le bout.